Et voilà, 12.10 Collectif n'est plus. J'ai reçu la nouvelle par mail hier, abrupte et directe. Et j'ai éclaté de rire. Un rire un peu nerveux, quand même, mais irrépressible. Comment cette aventure pouvait-elle se terminer de meilleure façon que celle-là, tragique et comique à la fois ? Le webmaster s'emmêle les pinceaux, mélange identifiants et mots de passe, et croyant effacer un vieux blog supprime d'un clic le 12.10 tout entier. Une fraction de seconde irrémédiable et sans retour, la technique est impitoyable. Pas de retour en arrière, pas d'annulation possible. On peut y mettre les moyens que l'on veut, se rouler par terre ou implorer Saint-Overblog, près de quatre années de 12.10 sont irrémédiablement parties dans les limbes d'internet...
Une belle bourde en forme d'acte manqué, si on y réfléchit bien. Le 12.10, c'était un peu comme un avion de ligne qui aurait alterné vols de croisières et traversées de turbulences. Des pannes de moteurs parfois, ajoutées à de régulières pannes sèches, ont souvent contraint l'appareil à planer en rase-motte. On s'en est toujours sortis sans trop de casse, le pilote ayant toujours su redresser au bon moment. N'oublions pas non plus les passagers, beaucoup ont eu également leurs heures de bravoure en participant à ces manœuvres de détresse.
Les plans de vol un peu erratiques des voies que nous avons empruntées nous ont, de temps à autres, interrogés sur la nécessité de poursuivre la navigation. Ranger le coucou au hangar et le laisser pourrir doucement a été plusieurs fois envisagé. Et puis, à chaque fois, l'appel du large a été le plus fort et on est repartis pour un tour. C'est devenu au fil du temps une sorte de "syndrôme douze-dizien", cette incapacité de s'arrêter. Peut-être (sûrement) que la raison tient à cette belle expérience humaine sur laquelle reposait l'édifice, et à ces autres belles expériences humaines qui en ont découlé.
Involontairement, le 12.10 Collectif a trouvé une fin que personne n'avait la force de lui donner. Un sabordage à la fois épique et un peu pathétique, à l'image de la vie. Il en restera quatre années de rencontres et de souvenirs, heureux ou malheureux, légers ou affreusement pesants. Autant d'expériences qui -aussi riches soient-elles- rendent impossible toute reconstruction ou reproduction d'une telle aventure. RIP.
Merci Bruno de t'être inquiété de la situation, je crois que tu es le seul premier à ce jour.
13 commentaires:
"Le phénix, quand il sentait sa fin venir, construisait un nid de branches aromatiques et d’encens, y mettait le feu et se consumait dans les flammes.
Des cendres de ce bûcher, surgissait un nouveau phénix, qui contrôlait le feu de mieux en mieux à chaque résurrection."
Wikipédia
Ne sait-on jamais ?
Je m'en suis inquiété depuis quelques jours mais me sachant indésirable, je n'ai rien dit.
Bien que "blacklisté" du 12.10, j'ai été surpris et déçu de ne plus le trouver.
Vous suivant très régulièrement, il me paraissait impossible d'avoir loupé un tel épisode.
C'est sans doute un peu tôt pour poser la question, mais l'équipe du 12.10 a-t-elle un projet en vue ?
JiPhone
Pour réagir, Christophe, encore faut-il être au courant. Je reçois la nouvelle par une contributrice (en copie pour information de sa réaction envers E.T).
Bon le style est le style, mais je reviens sur ton paragraphe de conclusion :
si tous les responsables de blogs s’amusent à se confondre les pinceaux, eh bien il ne restera tout bonnement plus rien !
Pour avoir rencontré une fois Thierry, de visu, au-delà de contacts courriels préalables et successifs, j’ai du mal à croire à l’erreur de manip. Ceci étant posé, après, il y a la roulette russe, aussi, et une dernière projection de “Voyage au bout de l’Enfer” …
:D
Excommunié et rayé des tablettes, je suivais malgré tout le parcours de ce blog.
Une belle/bonne âme (oui, il en existe) que pourtant j'ai parfois malmenée (qui n'ai-je pas malmené à tort ou à raison un jour, à propos de photographie ?) m'a éclairci la situation.
J'avais dit, expliqué il y a longtemps que l'idée de "collectif" ne devait pas reposer sur une simple participation des uns ou des autres, qu'il fallait un "engagement", et donc une volonté jusqu'à faire dévier sa pratique pour qu'elle devienne intéressante pour l'autre et pas seulement pour soi.
J'ai toujours dit que "le photographe" est et restera désespérément seul, comme tout artiste. Son seul but, traduire en photographies ce qui l'anime, l'émeut, le trouble et essayer de le transmettre (vouloir le partager est l'ambition suprême).
Alors "collectifs" (des gens que rien ne rassemble si ce n'est un boîtier, mais des personnes malgré tout virtuelles - je n'en ai rencontré physiquement que trois et dans mon isolement géographique je trouve que c'est déjà pas mal) ou personnels, les blogs vivent, meurent, végètent le plus souvent avec quatre ou cinq lecteurs réguliers. Et puis ils réapparaissent sous d'autres noms, un jour où la lumière est belle et que l'on s'aperçoit que l'on ne sait faire que ça, et encore... en attendant la prochaine déprime ou le prochain mauvais coup de la vie. Un fonctionnement un peu clanique s'instaure sans volonté délibérée parce qu'il faut bien survivre.
Bon le 12.10 disparaît, il n'y a pas mort d'homme, il y a pire, hélas...
Merci Christophe d'avoir, malgré tout, laissé mon nom en lien dans tes blogs amis :-)
Sachez que j'ai lu attentivement chacune de vos réponses, et je dois dire que c'est parfois assez savoureux ;)
Il s'agit belle et bien d'une grosse méga boulette de ma part (appelons un chat un chat) mais dans le même temps effectivement lui sera "ainsi épargnée une douloureuse agonie". Puisque la fréquentation et l'implication, pour des raisons parfaitement entendables d'ailleurs, ne faisait que décroitre irrémédiablement. Malgré.
C'est un acte manqué parce qu'involontaire, mais réussi parce qu'il permet de mettre en œuvre ce que nous nous refusions de faire par la plus élémentaire des courtoisies. C'est d'ailleurs toute l'insolente beauté d'un acte manqué, qui réussi en faisant fi, inconsciemment, des convenances ;) et le rire de Christophe est peut-être la plus belle marque de la juste distance qu'il faut avoir avec ce qu'il c'est passé. Finalement.
Oui, c'est violent, c'est incroyable, c'est sidérant, c'est tout ça.
Je copie-colle ici une phrase lue dans Histoires de prétoires qui me semble parfaitement aller avec notre désir de refaire l'histoire du clic malheureux : "[...] le même désir de revenir en arrière, tout en sachant que le temps, implacable, trace sa route sans jamais faire demi-tour sur les erreurs commises."
"- Et maintenant qu'est-ce qu'on fait ? - On continue la mission !" disait les Ludwig von 88.
J'ai moi des envies de photo, j'ai des envies de curiosité quant à la photo, j'ai envie de nourrir ce beau petit monstre et je le ferai. Le 12.10.Collectif m'a fait énormément évoluer, mais le principe de blog a ses limites, me limite.
Si j'ai fait de très belles rencontres grâce à lui, ce n’est sûrement pas la disparition d'un espace qui va signer la disparition de belles amitiés. Pour moi ce n’est pas vraiment synonyme.
Juste que je ne remonterai pas un 12.10 bis. C'est incroyablement énergivore, chronophage, sacerdotale, ingrat. Et là non, hors de question, pas une deuxième fois. Sans moi.
En gérant cet espace, mais aussi VosPhotos, je me suis attiré l'ire de certains, leur impitoyable, implacable capacité de nuisance, particulièrement injuste le plus souvent. J'ai le plus profond des mépris pour ces personnes que je juge parfaitement toxiques. Et avec lesquelles je ne veux absolument plus avoir à faire. Ni de près, ni de loin. Finalement cet arrêt à couper le souffle du 12.10 me permet moi de souffler un peu. Et de me recentrer. C'est bien, très bien, croyez-moi. Je préfère laisser ces éternels insatisfaits dans les poubelles du web, mais bien au fond, à mariner dans leur jus putride de certitudes. Moi, je continue ma route, en ayant gagné encore un peu plus de détachement vis à vis de leur insondable connerie. Et surtout en sachant où je veux aller. Et ça, ça n'a absolument pas de prix ;)
Je vous invite donc, le 12/10/2012 (et oui !) à boire un verre en l'honneur de ces quatre ans passées ensemble. Le lieu est encore à définir. Ainsi que l'heure.
À très bientôt,
E.T. - I am not a number, I am a free man !
Comme quoi il est possible de ne pas laisser de trace finalement?
D'une certaine manière, cela a quelque chose de rassurant sur cette immense "toile".
Le 12/10 à 20 : 12 , je propose une seconde d’éblouissement personnel et collectif, si possible avec une souris et un écran sidéral…
Ma dernière publication sur le 12.10 réapparaît donc (comme un hommage ?) sur La vie en gris.
Les commentaires sont ouverts : http://www.lavieengris.com/?p=42665
Bonne journée…
En réponse à l'invitation si sympathique d'E.T., j'y serai, bien sûr ... :)
Dédicace spéciale pour E.T. : http://photosweekend.over-blog.com/article-watching-the-wheels-je-regarde-tourner-les-roues-109413076.html
Bonjour à vous tous,
Je vais me répéter, mais même si je ne prends pas le temps de répondre à chacun de vous individuellement, il est de certaines choses qui font chaud au cœur.
La date du 12.10.2012 est symbolique. Forcément. C'eût été gâché que de ne pas le faire ;)
Pour l'heure suggérée à 20:12, l'idée est amusante et mérite d'être reprise.
Et histoire de continuer à faire dans le symbolique, je verrai bien ça à la brasserie George. Ceux qui connaissent comprendront très certainement pourquoi ;)
Dites-moi juste qui serait susceptible de venir pour faire les réservations nécessaires.
À vendredi prochain !
E.T.
Christophe, c'est très bien de remettre les choses à leur juste place. Je ne pouvais pas être le seul.
Christophe bonjour, j'avais envoyé quelque chose de l'ordre des condoléances à Thierry, juste pour dire tout le bien que je pensais du 12.10. J'y faisais même mention de la pertinence de tes critiques appliquées à l'une de mes photos...
Et le fait que la découverte des blogs - même si en ce qui me concerne -s'est avérée immédiatement quelque peu compulsive et chronophage, me remet en face de la nécessité de publication, sans tout le pathos qui l'accompagne . La découverte quotidienne de nouvelles images, de nouvelles propositions tient pour moi de l'histoire qu'on raconte aux enfants avant de dormir . Appliquée aux grandes personnes , ça n'a rien d'un somnifère. Mais c'est bien d'être réveillé.
Ces échanges me sont précieux . Je n'ai pu venir au pot du Moulin Blanc, à regret, étant allée voir ailleurs, à Liverpool, si j'y étais. Je suis disponible pour toute espèce de nouvelle aventure. L'idée de créer "autre chose" de collectif aurait tendance à faire son chemin. Prête pour le prochain brain-storming workshop!
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